lundi 10 mai 2010

Ô rage, ô désespoir.

Pas de dessin, cette fois. Tant mieux ou tant pis, à vous de voir. Seulement un texte. Un texte d'interrogations sur ces élèves.

L'autre jour, je vois sur Facebook (vous allez finir par penser que je passe ma vie dessus, mais bon) qu'un de mes "amis" — qui est plus une connaissance qu'un ami à proprement parler — (nous l'appellerons Pierre) s'en prend à sa prof de latin (sourde, et en arrêt depuis quelques mois, précisons-le) qui est de retour. Visiblement, ce n'est pas normal à ses yeux qu'une prof vienne faire cours... Mais bon, soit. J'interviens tout de même pour leur dire que c'est pas si mal que ça le latin*. On parle un peu du lycée (lui est encore au collège), des options, tout ça. Puis je laisse la conversation à l'abandon.

Quelques temps plus tard, une amie (pour de vrai, cette fois) m'envoie un message, sur Facebook toujours, m'informant qu'une autre personne, que nous nommerons Aline, parle de cette même prof en des termes peu élogieux, ce qui révolte cette amie qui hésite à intervenir car elle sent qu'elle va y passer sa nuit. Je lui informe que Pierre a posté la même chose qu'Aline, et que bon.
Entre temps, une amie à Pierre et Aline, nous la nommerons Ambre, commente le statut de Pierre (vous suivez ?), et jure de "faire crever la pute" (comprendre, sa prof de latin).
Révoltée, je lui fais la morale à coup de "manque de respect", de "Vous êtes au bahut pour apprendre, pas pour tuer vos profs, ni les pousser au suicide. Le prof, il est là pour faire son cours, pas pour subir vos conneries et vos bavardages, ni pour que vous admiriez sa coupe de cheveux", et autres "tenez vous à carreau et tout ira mieux".
La gamine me demande de me calmer, et de venir dans leur classe pour que je vois ce que c'est, le tout en usant d'une langue française que je ne connais pas, et qui est fort peu française, si vous voulez mon avis.
Je lui signale qu'elle ferait bien d'apprendre à écrire plutôt que d'emmerder ses profs, que j'ai 15 ans et que j'en ai déjà marre de me battre dans le vent, de parler à des murs comme eux. Et que je ne tiens pas vraiment à venir les supporter.
L'autre boulet me répond qu'elle a aussi 15 ans alors qu'il faut que j'arrête de faire ma grande (t'as tout compris, toi !), elle me sort que j'ai dit que sa prof était géniale (notez que je ne l'ai jamais eue, cette prof), que je "keaf l'école" et qu'il faut que je reste dans mon délire au lieu de les faire chier avec "mes discours à la merde zeubi" (zeubi ?).
Je lui répond donc que ses 15 ans, elle les fait pas vraiment, qu'ils ne sont pas la pour juger leur prof, que je ne "kiffe" pas l'école plus que ça, mais que j'y vais, que j'y apprends et que je veux faire des études, après quoi je lui donne rendez-vous dans 15 ans, juste pour voir. Et que ce qu'elle appelle "mon délire", ce n'est rien de plus mon opinion, et qu'elle doit la respecter. J'anticipe et lui signale d'avance que je respecterai la sienne quand elle ressemblera à autre chose qu'à un amas d'insultes.
Pierre revient, et est impressionné par "le clash" entre Ambre et moi. Je lui réponds que ce n'était pas un "clash" mais que je voulais leur faire passer un message, même si je doutais avoir réussi. Évidemment, le mec doit avoir un don pour te remonter le moral, et me répond que "chez lui c'est pas passer en tout cas".
Ensuite un mec s'incruste pour dire qu'il est d'accord avec moi. On va pas lui donner de nom parce qu'il apparait 5 minutes puis se casse.
Pierre annonce qu'il va regarder la télé (ben oui, c'est ça, va t'abrutir devant des émissions à la con**).
Je réponds à ses deux derniers message, lui annonce qu'il est désespérant, qu'il tue sa moyenne avec ses conneries, et qu'il est au collège pour apprendre même si sa prof ne lui donne pas envie, et pas pour se branler au fond de la salle, pendant que ses potes font des bruitages d'animaux. Je conclue en disant que je vais lire Anna Karénine de Tolstoï (toujours plus intéressant que la télé), et que ça donnera à Ambre une raison de plus pour m'insulter, puisque je lis.
Le gars, qui visiblement n'est toujours pas parti, me sort que voilà, c'est pas non plus un drame, c'est pas comme s'il lançait des chaises. Ce à quoi je réplique que ça reste perturber le cours. Mais lui n'y voit aucun problème puisque — je cite — "la prof perturbe déjà le cours elle-même" (c'est nouveau, ça). Je lui réponds juste qu'il est désespérant, et que ses pairs le sont aussi.
Le lendemain, Ambre fait son come back, et me rétorque que "c'est moi la désespérant", elle me somme de me marier avec sa prof, puis de partir me cacher (me marier en cachette avec sa prof et partir vivre dans une cabane cachée dans les bois ?). Je lui demande donc si elle sait écrire — si tant est qu'elle le sache vraiment — autre chose que des insultes. Elle interprète tout ça un peu n'importe comment, ce que je lui conseille d'arrêter de faire.
LÀ, elle me pond une phrase de fou***, et je lui assure que je comprends mieux les phrases de Proust que les siennes. Elle rajoute un "Dans ta gueule la moche" (Quelle maturité !), et un "En gros ta gueule, tu saoules tout le monde).
Pierre est de retour, est se range du côté d'Ambre. Dans ma réplique suivante, je vante leur intelligence, et fait une prière au futur : "Ô futur, accorde moi cette faveur, change leurs mentalités.". La gamine me rétorque — je cite — "qu'on est pas sur poete.com" mais sur Facebook. Je ne peux m'empêcher de corriger cette erreur : ce n'est pas de la poésie. Entre temps, je les informe que parler à un mur (un vrai mur, pas un mur facebook) est plus enrichissant que de m'entretenir avec eux. Pierre m'incite donc à aller, justement parler à mon mur. S'en suit une discussion inintéressante sur les murs. Je leur demande ensuite quand se mettront-ils à réfléchir. Pierre me répond "jamais". Ambre agrémente la conversation d'un nouveau "Ouais, ouais, dans ta gueule la moche" (qu'elle ne sait toujours pas écrire correctement), je lui réplique donc que c'est bien beau d'utiliser des jurons, mais que quand on sait les écrire, c'est quand même mieux. Figurez-vous qu'elle n'a rien trouver de mieux à me répondre que "C'est toi le juron", et "Ta gueule t'fais pite". Évidemment, je lui signale que je préfère faire pite plutôt que d'être aussi conne qu'elle (j'aurais pu trouver mieux, comme réplique, je sais).
Pierre signale que j'ai sur eux l'effet d'un somnifère. Je passe outre, et m'apitoie sur son sort, au pauvre petit, qui ne sait pas écrire, mais qui apparemment aurait 16 de moyenne en français... S'en suit un débat à propos de "Bien écrire sur le net", je ne vous le file que si ça intéresse quelqu'un, mais ça m'étonnerait bien.
Il clos enfin la conversation sur un "Reste dans ton petit délire d'intello et de toute façon, qu'est-ce que ça peut te foutre qu'on rate notre vie ?", et moi je me demande ce que sera l'avenir... Les générations futures, elles écriront comment ? Et elles penseront comment ?

NB : Désolée pour les fautes, je tape vite au clavier, je fais pas attention, et tout... Mais ceci dit, j'ai corrigé la majorité des fautes dans les répliques de nos chers compères Pierre et Ambre.

PS : Admirez l'originalité des prénoms, ça change quand même de "Kévin" et "Vanessa" qui ne sont pas plus leurs noms que "Pierre", "Ambre", "Aline", ceci dit.

*Je suis de toute manière obligée de m'en convaincre, ça fait 4 ans que j'en fais, et j'en ferais encore au moins 4 ans. Par choix plus que par contrainte.
** Pour qui se poserait la question, non, je ne regarde pas la télé. Et non, je n'ai pas la télé chez moi. Et non c'est pas trop dur de s'en passer.
*** "Mais j'ai pas besoin de ton avis parse que si je suivrait se que tu dirait ben putain je pense que tout le monde se foutré de ma guele mais auresement que c'est pas le cas pour moi mais pour toi je pense alors me donne pas ton avis psk jen ai vraiment rien a foutre ; ben ecoute jmen bat la race des autres jai pas besoin d'eux pour vivre ;)" (Quelqu'un peut-il me proposer une traduction ?)

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